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Commentaire de marché - au Brésil, l’éventuelle destitution du président Temer n’est pas intégrée par les marchés

06.06.2017 - 16:54
La crise politique brésilienne menace le processus de réforme pourtant urgent, ex-plique Sailesh Lad, spécialiste des obligations des marchés émergents chez AXA IM. Les obligations brésiliennes pourraient en pâtir, car les marchés ne tiennent pas compte du risque de destitution du président.

La crise politique s’aggrave au Brésil. Le président du plus grand pays émergent d’Amérique du Sud, Michel Temer, est accusé de corruption. Les voix appelant à une destitution de ses fonctions par démission se font toujours plus fortes. En outre, la Cour suprême du pays déli-bérera le 6 juin sur l’annulation de l’élection de 2014. Les investisseurs doivent donc prendre en compte les conséquences d’une éventuelle fin anticipée du mandat du président Temer. Car jusqu’ici, les marchés ont clairement misé sur un succès de sa politique de réformes.

Temer a restauré la confiance des marchés

«Aussi décrié soit-il actuellement par le peuple, Temer représente malgré tout un espoir sur le plan économique», explique Sailesh Lad, gestionnaire de fonds en obligations à court terme des marchés émergents chez AXA IM. Selon lui, après la destitution de Dilma Rous-sef, Temer a été choisi pour s’attaquer à la situation catastrophique des finances publiques brésiliennes. La dette publique s’élève à 71% du produit intérieur brut (PIB) et continue de croître. «Pourtant, le président est parvenu à restaurer la confiance en la capacité du Brésil à limiter ses dépenses par des coupes budgétaires. Cette évolution positive s’est également ressentie sur les marchés», affirme-t-il. Sur les douze derniers mois, les obligations brési-liennes se sont bien comportées et ont surperformé le JP Morgan Emerging Market Bond Index (EMBIG) de 3,5% (source: JP Morgan, situation au 18 mai 2017).

Selon l’expert, le risque de démission n’est pas intégré dans les cours: «Il a toujours été clair qu’un train de réformes qui s’attaque aux systèmes sociaux n’irait pas sans opposition politique. Mais les acteurs du marché n’ont pas envisagé une destitution ou une annulation de l’élection.» Cela dit, il devrait être difficile d’apporter les preuves nécessaires à une destitu-tion. En attendant, une procédure de longue haleine pourrait mobiliser l’attention et l’énergie du président, alors même qu’il en a besoin pour obtenir l’aval du Sénat. «Même si Temer reste au pouvoir, le risque demeure que le calendrier des réformes soit au moins retardé» avertit le gestionnaire.

En cas de démission effective, Sailesh Lad n’observe pas de volonté de réformes démesu-rée chez les éventuels successeurs à la présidence. «Des élections auront à nouveau lieu en 2018. Compte tenu du délai très court et des manifestations actuelles contre la politique de Temer partout dans le pays, les partis politiques devraient être réticents à poursuivre son programme de réformes».

Les notations devraient subir une pression

Une démission éventuelle assombrirait le climat économique et menacerait la reprise de l’économie brésilienne, estime Sailesh Lad. Il s’en suivrait un affaiblissement du réal, la monnaie nationale, ce qui à son tour exercerait un impact sur l’inflation et rendrait les me-sures d’assouplissement monétaire difficiles. «L’élément décisif pour les marchés obliga-taires serait que le Brésil échoue dans un premier temps à réduire sa dette publique, qui s’établit actuellement à 71% du PIB. Cette situation, combinée à la faible croissance, devrait renforcer l’opinion négative des agences de notation Fitch et S&P» ajoute le gestionnaire.

S’agissant des obligations d’entreprise, toutefois, l’évolution actuelle ne devrait pas être né-gative. Dans l’ensemble, les spreads devraient s’élargir parallèlement à l’évolution de la courbe des obligations d’État. «Cela dépend du modèle d’affaires des entreprises. Celles qui exportent pourraient profiter dans une certaine mesure d’un affaiblissement du réal». sou-ligne Sailesh Lad. Ainsi, pour les investisseurs misant sur ces entreprises, il pourrait valoir la peine de supporter les risques actuels du marché brésilien. Cependant, ils devront avoir les nerfs solides: «Avant que la situation ne s’éclaircisse au Brésil, les investisseurs devront compter avec une volatilité accrue dans tous les segments du marché obligataire.»

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