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TINA, UNE BOMBE POUR LES MARCHÉS EN 2017 ?

16.04.2017 - 18:08
Je pensais trouver la fin du règne de « TINA » dans la liste publiée par Morgan Stanley1 des cinq plus grands risques pour les marchés financiers en 2017. Que nenni. Dans l’ordre, les facteurs anxiogènes du moment pour les investisseurs se nomment : désintégration de la zone euro, récession aux États-Unis, atterrissage en catastrophe de l’économie chinoise, et, loin derrière, terrorisme et guerre avec la Russie. Surprenant classement. J’ai même vérifié que je n’avais pas sous les yeux l’étude de l’année dernière de ladite banque. Éclatement de la zone euro ? Le spectre d’un « Brexit dur » devrait décourager bon nombre d’électeurs européens d’opter pour l’isolationnisme. Récession aux États-Unis, « hard landing » en Chine ? C’est plutôt la perspective d’une surchauffe qui m’inquiète dans ces deux parties du monde.

Pour ma part, s’il y a bien un risque qui me fait peur pour les marchés cette année, c’est que les premières images que nous renvoie Google lorsque nous tapons « TINA » ne soient plus celles des tailleurs bleu pétrole de Margareth Thatcher, mais bien celles de la célèbre chanteuse noire et de ses jambes tout aussi légendaires. Ce retour aux sources marquerait la fin de l’hégémonie du mantrade la dame de Fer : son fameux « There Is No Alternative ». À l’origine, le slogan se voulait apologie du capitalisme, de la mondialisation et du libre-échange, toute alternative étant vouée à l’échec. Donald Trump, lui, ne semble pas de cet avis. Nous verrons si les faits lui donnent raison… Qu’il me soit permis d’en douter. Depuis plusieurs années, le slogan de Tina a été repris en coeur par les investisseurs du monde entier qui en ont fait un véritable turbopropulseur des bourses mondiales, faute de rendements sur les placements obligataires et les liquidités.

La fin du phénomène Tina pourrait signer celle du bull market des actions. Comment ?

Avec sa politique budgétaire résolument expansive, le programme de Trump va doper une économie américaine qui se trouve déjà au plein-emploi. Le marché obligataire risque fort de se faire l’écho des craintes inflationnistes qui découlent de cette « reflation », et ce, quel que soit le degré de restriction monétaire orchestré par la Fed. À savoir : si la banque centrale américaine ne procède qu’à une ou deux hausses des taux sur les trois promises, les anticipations d’inflation alimenteront la hausse des rendements obligataires américains, alors que si la Fed « sur-tue » l’inflation (« overkill »), ce sont les hausses plus nombreuses que prévu de taux court qui s’en chargeront.

J’ai calculé que le seuil de 4,5 % pour le rendement des bons du Trésor à 10 ans serait fatidique pour la Bourse américaine, compte tenu de sa cherté marquée. Vous me direz que nous avons encore de la marge, compte tenu du rendement actuel de 2,5 % ? Petit rappel : il y a pile 30 ans, ce même rendement était de 7 %. Le 19 octobre 1987, il a grimpé à plus de 10 %, provoquant le Krach que l’on sait à Wall Street. Et qu’est-ce qui a provoqué cette hausse spectaculaire des rendements obligataires en 1987 ? Une politique restrictive de la Fed sur fond de craintes inflationnistes, tiens donc…

Il paraît que l’Histoire ne se répète pas. Je n’en crois pas un mot. À force d’étudier les bulles spéculatives, j’ai acquis la conviction que la fréquence des crises financières va de pair avec notre obstination récurrente à vouloir commettre les mêmes erreurs du passé. Fort d’une expérience de plus de 25 ans comme chef-économiste et responsable des investissements dans le secteur bancaire en Suisse, Michel Girardin enseigne la macro-finance à l’Université de Genève.

Il est également CEO de « MacroGuide », société indépendante de conseils en investissement pour les caisses de pension et les gérants d’actifs depuis 2013.

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