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LA FILLE DE BREST

16.04.2017 - 18:18
C’EST D’ABORD UNE HISTOIRE VRAIE ET D’ACTUALITÉ RÉCENTE. LA FILLE DE BREST, D’EMMANUELLE BERCOT, RETRACE LE COMBAT D’IRÈNE FRACHON, UNE PNEUMOLOGUE DE BREST QUI A DÉNONCÉ LA PREMIÈRE LES RISQUES DU MEDIATOR, UN MÉDICAMENT À L’ORIGINE DE GRAVES LÉSIONS DES VALVES CARDIAQUES.

Le film est construit comme un thriller très rythmé : on suit cette femme à l’énergie exceptionnelle, mère de famille et médecin plein de compassion. Grâce à la volonté et à la détermination de cette femme on découvre le scandale qui a entouré la diffusion de ce médicament.

 

 

Elle se lance dans une lutte sans merci avec le laboratoire Servier qui commercialise ce produit. Le combat est difficile d’autant que sa hiérarchie ne veut pas rentrer en conflit avec le laboratoire qui les soutient financièrement. Le professeur Le Bihan, interprété par Benoît Magimel (parfait dans ce rôle en demi-teinte), en fera d’ailleurs les frais. Il ne pourra plus exercer en France et devra s’exiler au Canada pour poursuivre sa carrière.

L’intérêt de ce film est qu’il traite le dossier du Mediator comme un vrai documentaire. Tous les faits sont retracés avec une grande exactitude. Emmanuelle Bercot brosse le portrait d’une héroïne hors du commun, interprétée par l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen (vue notamment dans l’excellente série Borgen, et plus récemment dans le film L’Hermine avec Luchini). Celle-ci avec son léger accent nous entraîne dans son combat avec beaucoup de justesse. En effet cette actrice dans son rôle de lanceur d’alerte, met tant de conviction, tant de générosité dans son fonctionnement, si persuasive, si sincère qu’elle en crève l’écran. Intègre et empathique, obstinée et combative, souvent très drôle, même dans ses grands moments de doute, elle nous emporte dans ce combat sans merci.

Un autre aspect est également abordé avec beaucoup de justesse, c’est le mépris de l’intelligentsia parisienne face à la province. C’est assez risible de voir la façon dont sont traités ces « petites gens » de Brest face à des Parisiens prétentieux qui leur font sentir leur supériorité d’une façon peu honorable. On se moque, on accable, on brutalise pour mieux briser la contestation. Politique, le film l’est sans aucun doute, en ce qu’il dénonce avec force les liens illégitimes entre les agences sanitaires nationales et les gros laboratoires. Intéressant également de voir le soutien de toutes ces femmes à Irène Frachon : de l’épidémiologiste de chez Servier, de l’étudiante qui va prendre le Mediator comme sujet de son mémoire, de la journaliste du Figaro combative qui va s’engager pour que la presse prenne le relais. La solidarité de tous va enfin permettre d’aboutir au résultat tant escompté, l’interdiction de vente de ce poison qui a fait tant de victimes.

Ce film rend hommage à cette lanceuse d’alerte Irène Frachon en même temps qu’à tous ceux qui se sont démenés avec elle (ses collègues du CHU, la scientifique qui l’a soutenue à Paris, le modeste éditeur breton…) ainsi qu’à ceux pour qui ils se sont battus, vivants et morts. Ce film est le combat d’une vie.

 

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