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Les promesses de l’économie circulaire

15.03.2022 - 10:00
Par John Hartung, Directeur des rédactions, market magazine

L’Alliance Loop, un des fleurons de l’économie circulaire –   dans sa version mondialisée – est projetée sur les estrades du World economic forum par Tom Szaki (terracycle) et les CEO de Procter & Gamble, Pepsico et Apeel sciences, en compagnie de Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International cette scène est l’un des événements ayant médiatisé le concept d’économie circulaire, car la tribune offerte par le World economic forum – comme le modèle économique linéaire dont il est le champion – est mondiale. Un paradoxe pour un paradigme qualifié d’ « économie de la proximité ».

Paradoxe, un terme qui semble rebondir lors de chacune de nos lectures – des conférences des parties aux engagements étatiques, du financement d’une économie régénératrice à celui de son antithèse pétro-industrielle. Pourtant, aux revendications de type « idéaliste » qui gonflent depuis 40 ans, se greffent des constats d’ordres économiques, plus récents.

Ce sont les 258 milliards de dollars de pertes économiques liées aux catastrophes météorologiques de l’année 2020 ; les 25 000 milliards (USD) de valeur attribuée aux océans en tant qu’actif ; ou encore les 50 % du PIB mondial dont on estime aujourd’hui qu’ils reposent sur la biodiversité3, soit un montant de l’ordre de 42 000 milliards de dollars. Les intérêts de l’économie mondiale se sont ils alignés sur les volontés de préserver Planète et biosphère ? Pas encore, comme en témoignent les agissements de l’Inde et de la Chine lors de la COP26 quant au charbon. Car même si la morale et l’économie s’alignent, les intérêts de l’économie mondiale penchent encore vers le pétro-industriel, l’extraction et la surconsommation.

La vieille économie a intérêt à ralentir sa migration du linéaire vers le circulaire, et trouve pour renfort la réalité des marchés : les substituts manquent ou sont trop chers, l’inflation du durable conduit à une bulle du durable, et la phase que nous appelons transition s’accompagne de promesse de crises des énergies, des matières, et pourquoi pas des gouvernances. L’économie circulaire peut-elle nous sortir de l’impasse ?

Si tel devait être le cas, comment la Suisse, championne de l’économie linéaire – classée numéro un mondial de la compétitivité par la dernière étude du Centre de compétitivité mondiale de l’IMD4 – peut-elle se faire acteur engagé de l’économie circulaire ? Comment un pays qui gagne un franc sur deux à l’étranger peut-il prôner une économie de la proximité ? Sans-doute avec des pieds de plomb.Qu’est-ce que l’économie de la fonctionnalité ? À quel point doit-on devenir circulaires ? Quels rôles la Suisse peut-elle tenir dans cette économie et où devrions-nous investir ?

Selon economiesuisse, l’objectif de l’économie circulaire est de réduire au maximum l’utilisation de matériaux et d’énergie pour fabriquer des biens et des services. La conception d’un produit circulaire implique de prévoir que les différents composants puissent rester dans le cycle, entre autres par une conception modulaire permettant de les démonter facilement, ou par l’absence de substances chimiques problématiques au recyclage. Il s’agit d’optimiser la durée de vie des produits et d’éviter autant que possible les déchets, lesquels sont – par voie de collecte, de séparation, de traitement et de valorisation matière ou thermique – transformés en matières premières secondaires réutilisées ou recyclées. L’économie circulaire est un modèle prometteur, mais représente un défi et implique d’innover. Aussi, avant de la qualifier, commençons par quantifier nos besoins de circularité : doit-on migrer d’une économie 100 % linéaire à une économie 100 % circulaire ?

Selon le « Circularity Gap Report »(CGR) de 2021, l’économie mondiale peut être considérée comme circulaire à raison de 8,6 %, et il suffirait que ce chiffre soit doublé afin que l’élévation de la température reste en dessous de 2 degrés d’ici à 2032, ce qui serait réalisable en combinant les agendas de l’économie circulaire et celui des engagements en faveur du climat. Ainsi, le CGR établit que les engagements climatiques feraient 15 % du chemin à parcourir, quand la mise en œuvre d’une feuille de route complète de stratégies circulaires permettrait de réaliser les 85 % restant : investir dans la circularité s’avérerait dès lors ultra rentable.
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Par John Hartung, Directeur des rédactions, Market magazine

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