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Comment le COVID-19 influence notre vie quotidienne

11.05.2020 - 09:27
L'impact de la crise du coronavirus sur l'économie et la population se concrétise avec toute la violence qui la caractérise: environ un tiers des employés en Suisse a été contraint de réduire son temps de travail, encore autant grignotent leurs jours de congés ou décomptent des heures supplémentaires. Voici ce que révèle un sondage représentatif de Deloitte Suisse. Les indépendants et autres travailleurs en freelance sont eux aussi à la peine: les trois-quarts d'entre-eux accusent une diminution de leur chiffre d'affaires. La crise est encore loin d'être surmontée: un cinquième presque des employés estime qu'il est probable qu'ils perdent leur emploi et quasiment un quart des indépendants pensent qu'ils vont faire faillite. Les entreprises devraient communiquer ouvertement avec leurs collaborateurs et éviter les licenciements. L'inventivité est de rigueur dans la mise en œuvre des mesures de protection.

Alors que le Conseil fédéral instaurait en mars 2020 des mesures restrictives toujours plus conséquentes pour l'économie et la société civile, il n'était encore guère possible d'évaluer les dommages engendrés. On en sait aujourd'hui un peu plus en la matière. « Le scénario privilégié au départ, qui était celui d'une récession en V avec une reprise économique aussi rapide que la chute, paraît désormais peu réaliste. Nous devons au contraire nous préparer à vivre une phase de reprise qui prendra du temps avant que nous ne puissions revenir au niveau d'avant-crise », déclare Michael Grampp, économiste en chef de Deloitte.

Quand bien même une forte incertitude plane encore sur de nombreuses prévisions, il est d'ores et déjà clair que la crise du coronavirus a frappé de plein fouet l'économie suisse et ses acteurs, aussi bien les employés, les demandeurs d'emploi que les indépendants. C'est ce qu'indique une enquête représentative réalisée mi-avril par la société de conseil Deloitte auprès de 1'500 personnes vivant en Suisse et en âge de travailler.

Des changements profonds pour les employés

Selon l'enquête menée, la situation au travail depuis la crise du coronavirus s'est détériorée pour 63% de tous les employés en Suisse. Plus de la moitié d'entre eux ont dû réduire leur temps de travail, 27% décompter des heures supplémentaires, 24% poser des congés par anticipation et 2% des employés ont même été licenciés.

Ces résultats montrent que les entreprises en Suisse ont réagi rapidement à la nouvelle situation et n'ont pas tardé pour prendre des mesures en matière de personnel. Dans les secteurs les plus impactés par la crise et les mesures du Conseil fédéral, tels la gastronomie et le tourisme, les ajustements ont été d'autant plus sévères. La part des employés n'ayant plus du tout de travail, voire ayant été licenciés, tend à y être plus importante.

En revanche, les secteurs moins impactés, comme l'informatique et la communication, ont dans l'ensemble réagi en réduisant les heures supplémentaires et en octroyant des congés par anticipation. C'est dans l'administration et le secteur de la santé que l'on retrouve la proportion la plus faible d'employés ayant eu à souffrir des effets négatifs, sachant que cela représente malgré tout encore plus de la moitié. Grâce au chômage partiel, instrument de crise éprouvé, la plupart des secteurs ont pu dans une large mesure éviter les licenciements jusqu’à maintenant.

De nombreux perdants parmi les indépendants

Les indépendants eux aussi sont fortement impactés par la crise économique: 18% se sont vus contraints de fermer leur entreprise (voir figure 1). Pour 21% d'entre eux, le chiffre d'affaires est tombé à zéro et 38% ont indiqué une baisse de leur chiffre d'affaires, même si cela ne signifie pas qu'il a été nul. Dans l'ensemble, la crise du coronavirus a jusqu'à présent eu des conséquences économiques clairement négatives pour 77% des indépendants. L'afflux de demandes de crédit auprès des banques ces dernières semaines montre à quel point la situation est sérieuse pour les entreprises et notamment pour les petites et moyennes exploitations.

 

La crise n'est pas encore surmontée

« Ces dernières semaines, nombreuses sont les entreprises à avoir dû prendre rapidement des mesures aux conséquences lourdes, allant de ajustements en matière de politique du personnel à la fermeture d'établissements. Désormais, c'est le déconfinement par étapes, et les concepts de protection nécessaires allant de pair, qui placent à nouveau les entreprises devant de grands défis à relever », explique Reto Savoia, CEO de Deloitte Suisse.

Il continue : « Les entreprises suisses doivent instaurer une feuille de route offrant la flexibilité requise pour opérer une transition la plus ordonnée possible et se tourner vers une nouvelle réalité qui comporte encore beaucoup d'inconnues. Le facteur décisif en l'occurrence est de créer un climat de confiance envers la clientèle, par exemple en garantissant la protection de la santé mais aussi des données. »

La crise n'a pas fini de produire ses effets. Même si 71% des employés ne redoutent pas le licenciement, 12% d'entre eux estiment que c'est un scénario plutôt vraisemblable et 7% l'envisagent comme très probable.

« Je prends acte avec inquiétude qu'une part considérable des employés en Suisse redoute un licenciement. Les entreprises devraient prendre ces craintes au sérieux et communiquer en toute transparence avec leurs collaborateurs sur les incidences concrètes de la crise du coronavirus. Il s'agit d'éviter où possible les licenciements, les dirigeants devant donner en premier l'exemple et se serrer eux-mêmes la ceinture. Cela crée un climat de confiance et soude les rangs dans l'entreprise », explique Reto Savoia.

L'envie de consommer doit revenir

Les perspectives d'avenir des petites entreprises et des indépendants sont aussi sombres que chez les employés : d'après l'enquête de Deloitte, 24% des indépendants estiment qu'il est très probable ou plutôt probable que la crise du coronavirus les pousse au dépôt de bilan. 66% estiment cependant que ce scénario n'est que très ou plutôt improbable. 10% ne se prononcent pas en la matière.

L'avenir de nombreux employés et indépendants dépend de la vitesse avec laquelle les mesures de confinement prises par les pouvoirs publics vont être assouplies et avec quelle rapidité le retour à la normale se fera pour l'économie – toujours sous réserve que soit assurée la protection de la santé des catégories de population étant particulièrement vulnérables, avec pour objectif d'éviter une deuxième vague d'infection.

« Il est tout aussi important pour les employés que pour les entreprises que l'économie redémarre rapidement et que les gens aient de nouveau envie de consommer. Les entreprises devront faire preuve de créativité et se mobiliser pour mettre en œuvre les mesures de protection requises qui seront de rigueur pendant un certain temps encore, sans toutefois trop restreindre la production ni que la clientèle en pâtisse. Grâce aux mesures de soutien rapidement et largement déployées, la Suisse – forte de ses nombreuses entreprises innovantes – est bien positionnée pour s'extirper plus rapidement de cette crise que bon nombre d'autres pays », déclare Michael Grampp.

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