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Enquête de Deloitte auprès des CFO

01.07.2020 - 14:51
Au début de la crise du coronavirus, les entreprises suisses tablaient encore sur une reprise rapide. Ces espoirs se sont à présent envolés, comme le révèle l'enquête actuelle de Deloitte Suisse auprès des CFO. Plus des trois quarts des directeurs financiers interrogés s'attendent à une récession durable. Selon la majorité des CFO, le chiffre d'affaires des entreprises retrouveront leur niveau d'avant la crise au plus tôt au premier trimestre 2021. Ils estiment également qu'une deuxième vague de la pandémie frapperait durement les entreprises, signant l'arrêt de mort de plus des deux tiers d'entre elles. Les entreprises peuvent tirer parti de l'élan généré par le caractère extraordinaire de la situation et les aides publiques pour renouer rapidement avec la croissance. Les gains d'efficacité et la baisse des coûts ne suffisent pas, elles doivent renforcer durablement leur résilience.

Les directeurs financiers suisses connaissent une période difficile. Lors de notre dernière enquête en mars, lorsque le confinement progressif a été décrété, les deux tiers (67%) tablaient déjà sur des perspectives moroses pour leurs entreprises. Trois mois plus tard, celles-ci demeurent sombres (65%). Rien d'étonnant, dès lors, que les 87 CFO de grandes et de moyennes entreprises interrogées lors de la première moitié du mois de juin aient largement enterré leurs espoirs d'une reprise rapide. Moins d'un quart (21%) y croit encore. La majorité (55%) s'attend à une récession durable, 17% voient déjà une deuxième récession se profiler et 7% tablent même sur une faiblesse structurelle prolongée de la croissance. En outre, quasiment les quatre cinquièmes (78%) des entreprises ont revu leurs prévisions de chiffre d'affaires à la baisse en raison de la crise du coronavirus.

La gravité de l'impact n'a rien de surprenant car contrairement aux crises économiques précédentes, la quasi-totalité des entreprises en Suisse sont concernées. « L'économie exportatrice est particulièrement touchée par la pandémie mondiale elle-même et par les mesures de lutte contre la propagation du virus mises en place à l'échelle mondiale : les usines sont à l'arrêt, les voies de transport sont interrompues, les livraisons sont annulées. De plus, les entreprises orientées vers le marché intérieur, dont de nombreuses PME, continuent, elles aussi, de souffrir des conséquences du confinement. Néanmoins, du fait de sa solidité en matière de politique financière, des mesures de politique économique et du coup d'arrêt actuel porté à la propagation du virus, la Suisse est moins durement touchée que d'autres pays », explique Michael Grampp, économiste en chef Deloitte Suisse.

Crainte d'un recul de la mondialisation

La grande majorité des directeurs financiers tablent sur de nouveaux risques subséquents au coronavirus. Plus des trois quarts (76%) craignent que les pays se replient sur eux-mêmes en mettant des barrières douanières en place. En revanche, ils n'émettent pas d'inquiétude concernant la libre circulation des personnes : ils ne sont que 5% à tabler sur une fin des accords de Schengen. Quasiment les trois quarts (71%) des personnes interrogées partent du principe que la mondialisation est en recul et que les entreprises vont revenir à une stratégie de proximité, suivant le phénomène de « glocalisation ».

« Dans le commerce international, la situation sera nettement plus difficile et pour de nombreux directeurs financiers, la coordination « just in time » entre la sous-traitance, le processus de production et le traitement des commandes pourrait devenir un vrai problème. Les entreprises doivent donc renforcer la résilience de leurs chaînes d’approvisionnement internationales, élaborer des stratégies d'implantation alternatives pour les sous-traitants et flexibiliser les sites de production », explique Jean-François Lagassé, associé et responsable du secteur des services financiers.

Impréparation face à une deuxième vague

Une deuxième vague est un risque réaliste avec des conséquences probablement considérables : plus des deux tiers (69%) des CFO interrogés tablent sur une deuxième vague et moins d'un tiers (28%) estiment pouvoir s'en sortir si un nouveau confinement était décrété. Par conséquent, les entreprises mettent tout en œuvre pour surmonter la crise. L'écrasante majorité (84%) a ainsi recours en premier lieu à des mesures d'économie faciles à mettre en œuvre dans le domaine des voyages, des événements ou du marketing. La moitié engage également des mesures de réduction des coûts de grande ampleur telles que le gel des projets en cours. Plus d'un tiers (38%) envisage le report d'investissements nécessaires à long terme.

Plus des deux tiers (71%) des entreprises ont recours, en raison de la crise du coronavirus, à des formes de travail alternatives telles que le télétravail ou la flexibilisation de leurs règles en matière de temps de travail. En revanche, 3% seulement des entreprises indiquent employer de la main-d'œuvre externe, payée à la prestation. En outre, plus d'un quart (27%) des entreprises réfléchissent déjà à la surface de bureaux dont elles auront besoin à l'avenir compte tenu de l'augmentation du recours à des formes de travail alternatives et aux règles relatives au télétravail. « Le marché de l'immobilier de bureau va au-devant de grands bouleversements. Les collaborateurs passant moins de temps dans les bureaux, le besoin en surface va diminuer, ce qui représente un potentiel d'économie supplémentaire pour les entreprises. En même temps, les exigences à l'égard de l'infrastructure informatique, de la cybersécurité et de la gestion d'équipes vont croître », explique Michael Grampp.

Dépasser rapidement la crise

« Les stratégies de sortie de crise mises en œuvre par les entreprises en Suisse montrent clairement qu'elles sont encore en état de gestation. Les mesures prises à court terme ne seront probablement pas suffisantes pour assurer la pérennité et le succès des entreprises à long terme. Les entreprises doivent tirer parti de l'élan généré par le caractère extraordinaire de la situation pour revoir leur modèle d’affaires et des aides publiques pour renouer, dès que possible, avec la croissance. Dans cet objectif, elles ne doivent pas se focaliser uniquement sur l'efficacité et les coûts, mais elles doivent capitaliser sur la situation actuelle pour renforcer durablement leur résilience sur les thèmes centraux pour le futur », indique Jean-François Lagassé

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