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La Suissesse Ursula Keller remporte le Prix de l’inventeur européen 2018 « Œuvre d’une vie »

09.06.2018 - 22:02
eure suisse Ursula Keller en lui décernant le Prix de l’inventeur européen 2018 dans la catégorie « Œuvre d’une vie », l’une des cinq catégories du Prix, lors d’une cérémonie qui s’est tenue aujourd’hui à Saint-Germain-en-Laye. Celle qui a ouvert la voie à de nouvelles possibilités d’utilisation de la lumière laser se voit ainsi récompensée. Au cours d'une carrière de plus de trois décennies, Ursula Keller a inventé « le miroir absorbeur saturable à semi-conducteurs » (SESAM), tout premier procédé permettant aux lasers de générer des impulsions ultra-rapides. Grâce à la technologie SESAM, de nouvelles utilisations, auparavant inimaginables, sont devenues possibles, notamment dans le traitement des matériaux, la communication optique ou les techniques médicales.

« Ursula Keller a consacré sa carrière à la recherche et à des innovations qui ont tracé de nouvelles orientations dans la technologie laser et ouvert de nouvelles applications dans un large éventail d'industries. », a déclaré le Président de l’OEB, Benoît Battistelli. « Ses travaux mettent en évidence le rôle de l'Europe en tant que leader dans la recherche et l’application du laser ultrarapide. »

La cérémonie de remise du Prix de l’inventeur européen a réuni au théâtre Alexandre Dumas quelque 600 invités issus du monde de la politique, de l’économie, de la propriété intellectuelle et de la science. Le Prix est décerné chaque année par l’OEB afin de récompenser des inventeurs exceptionnels d’Europe et du monde entier ayant contribué de manière remarquable au développement social, au progrès technologique et à la croissance économique. Les lauréats ont été choisis par un jury international indépendant sur la base d’une liste de plus de 500 inventeurs et équipes d’inventeurs proposés.

Ursula Keller est l'une des quatre femmes inventrices à remporter le Prix cette année. Un record depuis le lancement de la compétition en 2006.

Un grand pas pour la technologie laser

Au début des années 90, Ursula Keller a surmonté un obstacle de développement jusque-là resté sans solution dans la technologie laser. Depuis leur invention, on souhaitait en effet se servir des lasers pour transformer les matériaux. Mais un laser continu chauffe beaucoup trop le matériau et le détériore. Pour résoudre ce problème, Mme Keller a développé, au sein du centre de recherche AT&T Bell Laboratories, situé dans le New Jersey aux Etats-Unis, une méthode pour passer d’un rayon laser continu à une lumière laser pulsée.

La physicienne diplômée de l’université de Stanford a incorporé des semi-conducteurs réfléchissants spéciaux à la place des miroirs présents à l'intérieur d'un dispositif laser traditionnel, pour créer de courtes impulsions de lumière. Sa technique brevetée, qu’elle nomme « miroir absorbeur saturable à semi-conducteur » (SESAM), a permis un contrôle plus précis des lasers. Professeure à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH), Ursula Keller a poursuivi le développement de son concept SESAM et a également conçu des équipements de mesure scientifique précis qui explorent la physique fondamentale au niveau quantique.

Première femme à occuper une chaire scientifique à l‘ETH

Ursula Keller n’a pas seulement contribué à redéfinir l’usage des lasers, elle a également inspiré toute une génération de chercheurs et chercheuses. En 1993, à seulement 33 ans, elle est la première femme à être nommée Professeure à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH), là même où elle a étudié la physique. Ses recherches dans la technologie laser ont fait d'elle une autorité mondiale dans le domaine de la photonique ultra-rapide, ce sur quoi elle s’est appuyée pour promouvoir la place des femmes dans les métiers scientifiques et techniques.

L’Europe au premier rang de la technologie laser

Les travaux d’Ursula Keller ont laissé leur marque dans de nombreux secteurs industriels. «Peu d’applications semblent devoir échapper aux lasers à impulsions courtes ; les possibilités semblent infinies », dit-elle. Les lasers ultra-rapides représentent déjà 20% du marché mondial du laser. Ils ont généré quelque 2,2 milliards d'euros en 2017, et devraient atteindre des revenus de 8,3 milliards d’ici 2023.

Le travail d’Ursula Keller a contribué à ce que l'Europe joue un rôle de premier plan dans le développement de lasers ultra-rapides. L’Europe dispose de près des trois quarts des lasers ultra-rapides et à haute puissance (classe petawatt) qui existent dans le monde, grâce notamment à un consortium dans lequel l'ETH Zurich joue un rôle clé.

 

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