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Les Chinois délaissent la Suisse

23.08.2019 - 19:17
En Suisse, le nombre de transactions est passé de sept à trois par rapport à l'année précédente. Le volume des transactions s’est fortement contracté, passant de 387 à 96 millions de dollars US, bien que l'achat annoncé de gategroup puisse modifier sensiblement la donne pour 2019. En Europe, le nombre de transactions baisse de 27 pour cent, pour atteindre 81 opérations. Dans la première moitié de l'année, la valeur des acquisitions chinoises a accusé une baisse de 84 pour cent, à 2,4 milliards de dollars

ZURICH, le 12 août 2019 – La réticence des entreprises chinoises à reprendre des entreprises en Suisse et en Europe se poursuit : au cours du premier semestre de cette année, seules 81 acquisitions et prises de participation ont été enregistrées en Europe, soit 27 pour cent de moins qu'à la même période de l'année précédente, où 113 sociétés européennes étaient encore passées dans des mains chinoises. Comme il n'y a guère eu de transactions importantes, le volume des investissements s’est effondré de 84 pour cent, passant de 15,3 à 2,4 milliards de dollars US.

Nouveaux leaders en Europe

Les activités des investisseurs chinois en Allemagne ont particulièrement reculé : le nombre d'acquisitions et d'investissements est passé de 25 à 11 par rapport à la même période de l'année précédente et le volume des investissements s’est réduit de 10,1 milliards à 0,5 milliard de dollars US. Le nouveau chef de file en termes de nombre de transactions est la Grande-Bretagne, où les investisseurs chinois ont acquis 17 entreprises. Toutefois, comme il s’agissait la plupart du temps de petites transactions, les investissements de 0,4 milliard de dollars US ont été plus faibles qu’en Allemagne. En termes de volume d'investissement au premier semestre 2019, la Suède arrive en tête avec 1,11 milliard de dollars, devant l'Allemagne avec 505 millions de dollars et la Grande-Bretagne avec 424 millions.

C'est ce qu'indique une étude du cabinet d'audit et de conseil EY, qui a analysé les investissements de F&A d'entreprises chinoises en Suisse et en Europe. L'analyse a porté sur les acquisitions et investissements réalisés par des sociétés ayant leur siège en Chine et à Hong Kong ou par leurs filiales ; les sociétés cibles ont leur siège en Europe et sont actives sur le plan opérationnel.

Nombre de transactions au niveau le plus bas depuis 2014

« Les activités de transaction en Suisse et en Europe se sont pratiquement réduites de moitié et ont été nettement plus faibles au premier semestre de l'année qu'à la même période de l'année précédente, mais elles se sont stabilisées au faible niveau du second semestre de 2018. On a probablement atteint le creux de la vague », explique Yi Sun, responsable de China Business Services chez EY en Allemagne, en Autriche et en Suisse. « La principale raison de la réticence des investisseurs chinois est la situation du marché intérieur chinois : la situation économique en Chine est difficile, l'incertitude est grande, notamment en raison du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine. En outre, certaines des sociétés chinoises qui étaient très actives sur le marché européen des fusions et acquisitions dans le passé, intègrent actuellement les sociétés acquises ou les revendent. De nouvelles acquisitions ne sont pas à l'ordre du jour pour l'instant pour ces sociétés ».  

Selon l'observation de Sun, le marché européen des transactions est généralement calme : « Actuellement, peu nombreux sont les candidats à la reprise qui intéressent les Chinois ». Depuis quelque temps déjà, tous ces facteurs ont conduit à une réduction de la fréquence des transactions importantes et à des investissements beaucoup plus sélectifs qu'en 2016, l'année du boom.

Toutefois, l'intérêt des entreprises chinoises pour les entreprises européennes reste élevé en principe, même si de moins en moins de transactions sont effectivement conclues. « Nous constatons plusieurs tendances : d’une part, certaines entreprises chinoises achètent encore en Europe des compétences pour leurs stratégies ambitieuses – le meilleur exemple en est la tournée d'achat européenne actuelle du groupe chinois Evergrande dans le domaine de la mobilité électrique. D'autre part, les entreprises chinoises sont toujours très intéressées par les noms européens attrayants – par exemple dans le secteur des biens de consommation. L'acquisition, par des investisseurs chinois de croissance, d’une minorité dans des marques européennes de renom, telles que IDG Capital chez Rossignol, pourrait faire école », rapporte Fabian Denneborg, responsable M&A Suisse chez EY.

Volume des transactions : la Suisse au milieu du terrain

Le volume des transactions en Suisse s'est contracté, passant de 387 à 96 millions de dollars US au premier semestre ; le nombre de transactions est passé de sept à trois. La transaction la plus importante en Suisse, sur la base des informations disponibles sur les prix d'achat, concerne la société de mobilier de bureau Zhejiang Henglin Chair et la société suisse FFL Holding, qui regroupe les activités de Lista Office. Avec 63 millions de dollars US, la transaction se classe au 10e rang des dix plus importantes transactions en Europe.

La plus grosse opération du semestre en Suède

Avec un volume de 930 millions de dollars US, l'opération la plus importante en Europe a été, de loin, l'entrée du groupe chinois Evergrande dans NEVS, le successeur de Saab et constructeur actuel de voitures électriques. Par la suite, Evergrande et NEVS ont acquis une participation de 20 pour cent dans la marque suédoise de voitures de sport haut de gamme Koenigsegg, pour un montant de 170 millions de dollars US, soit la deuxième plus importante opération du semestre. La troisième transaction la plus importante concernait « Les Ambassadeurs Club » et l'investisseur Imagi International, avec une valeur de transaction de 156 millions de dollars US. La vente de gategroup à l'investisseur chinois RRJ Capital pourrait également devenir l'une des plus importantes transactions avec une participation chinoise en 2019. Toutefois, la conclusion de la transaction n'a pas encore été annoncée.

Selon Sun, des transactions importantes sont toujours possibles. Il est convaincu que « là où c'est stratégiquement judicieux et dans l'intérêt des deux parties, des transactions supérieures à un milliard sont encore réalisables. Si l'économie se redresse et que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine trouve une solution, nous assisterons à une augmentation significative des transactions ». 

« Pour le second semestre de l'année, il y a encore quelques transactions dont le montant se chiffre en centaines de millions dans le pipeline », rapporte Sun. « Certaines entreprises chinoises se trouvent dans les « starting-blocks », mais il reste à voir si elles obtiendront le marché ».

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