C’est précisément la raison pour laquelle Theresa May a décidé d’appeler à la tenue d’élections anticipées : l’ampleur et la difficulté de la phase de négociation qui s’ouvre en vue du Brexit, auxquelles s’ajoutaient sa popularité plutôt élevée (le parti conservateur étant donné gagnant dans toutes les enquêtes d’opinion). Au moment de l’annonce des élections législatives, cette avance se traduisait par une centaine de sièges supplémentaires à la Chambre des Communes en faveur du parti conservateur. Si Theresa May parvenait à obtenir un tel résultat, elle serait en mesure de démarrer les négociations avec ses homologues européens de manière bien plus flexible, sans devoir concilier l’aile anti-européenne de sa famille politique.
Depuis quelques semaines déjà, la majorité estimée de 100 sièges de plus se réduit comme peau de chagrin. En cause, certaines erreurs tactiques commises pendant la campagne, qui rendent plausible l’hypothèse d’une majorité de seulement 30 à 50 sièges. Dans ce cas de figure, sa marge de manœuvre dans les négociations sur le Brexit sera significativement limitée. Détail plus important, les marchés sont en train d’intégrer un résultat plus serré qu’initialement prévu. Cela entraîne un net affaiblissement de la livre sterling – la soupape de sureté du pays – comme on a déjà pu observer ces derniers jours, tandis que les actions britanniques ont tiré leur épingle du jeu : cette dynamique est appelée à se poursuivre cette semaine à deux jours du scrutin.
Selon notre scenario de base, Theresa May gagnera les élections, mais avec une marge plus étroite qu’attendue, ce qui aura pour effet de décevoir les attentes du marché. Le risque d’un « hung parliament » (c’est-à-dire un Parlement bloqué par l’absence de parti doté de la majorité absolue) n’est donc pas à exclure complètement. Cependant, un tel résultat aurait un impact considérable sur toutes les classes d’actifs britanniques, et notamment sur la livre sterling. Theresa May se verrait même obligée de démissionner de ses fonctions de Première Ministre. Et, encore plus important, cette configuration augmenterait le risque que les négociations entre le Royaume-Uni et l’Europe se terminent dans l’impasse.