Market: La succursale de Berenberg Bank (Schweiz) AG est installée à Genève depuis 2011, votre nomination en juillet 2016 signifie-t-elle que ses ambitions sont désormais plus grandes ici?

Vanessa Skoura: Exactement, notre but à Genève est d’approcher le siège de Zurich en termes d’importance, nos ambitions sont donc très grandes. Nous souhaitons miser sur le Wealth Management et proposer notre expertise à une clientèle locale et aussi internationale. A Genève, il existe une multitude de sociétés internationales, de family offices et de gérants indépendants actifs dans l’asset management. Afin de réunir ces clients potentiels et célébrer notre sixième anniversaire en terres genevoises, nous allons organiser une grande fête cet été.     

Vous visez d’abord à attirer les UHNWI. Quels types de services allez-vous leur proposer pour vous différencier?

Nous avons une approche holistique où le facteur clé/essentiel est d’offrir une gamme complète de services, plutôt que de se concentrer sur un produit. Nous agissons à un niveau global avec une vision transgénérationnelle. Au sein des familles, il existe souvent deux ou trois générations. Il faut répondre à tous leurs besoins et cela implique une gestion complète. Or, peu de banques le font car nos concurrents sont souvent organisés de manière restreinte. Ils divisent les zones géographiques et les stratégies d’investissement, alors que nous essayons plutôt de comprendre la complexité du client. 

Dans le communiqué de presse annonçant votre nomination, on peut y lire que vous avez un réseau exceptionnel. Comment allez-vous l’utiliser pour développer cette succursale genevoise?

Depuis plus de 20 ans, je me suis attelée à développer ce réseau. J’ai pu travailler avec, notamment, des experts fiscaux, des conseillers, des spécialistes de la gouvernance familiale. Mon réseau, que j’ai développé quand j’étais basée à Londres, est européen et je le mets désormais entièrement au service de la succursale genevoise de notre banque. 

Berenberg Bank (Schweiz) AG reste une petite banque. Cette réalité va-t-elle changer ces prochaines années?

Notre approche ultra personnalisée sera maintenue. Nous allons également conserver ce haut niveau d’expertise et nous ne souhaitons vraiment pas devenir une banque de taille plus large. Depuis 1590, c’est la qualité du service qui est privilégiée, plutôt que la quantité.

Votre maison mère est une banque avec une histoire longue puisqu’elle a été fondée en 1590 à Hambourg. Cet héritage a-t-il un impact au quotidien?

Oui, cet impact est très important. Le fait que Berenberg soit la plus ancienne banque allemande et la deuxième banque à avoir été créée dans le monde constitue l’un de nos principaux atouts. Cette longévité représente une évidente stabilité, une qualité très recherchée par notre clientèle. Cela ne nous empêche pas d’être très dynamique. Au sein de notre banque, le changement est la seule constante. Nous devons nous adapter en permanence sans perdre nos valeurs fondatrices.

Comment jugez-vous l’émergence de la fintech? Ces technologies financières vont-elles changer le modèle bancaire?

Ces nouvelles technologies constituent d’abord un outil intéressant pour être encore plus performant. Elles ne remplacent cependant pas une approche globale menée par notre personnel. Mais nous devons les utiliser, c’est devenu une évidence. C’est la raison qui nous pousse à investir en permanence dans ce domaine avec un souci constant en matière de sécurité.

Votre banque n’est pas présente en Asie, comment cela se fait-il?

Nous restons concentrés sur les régions que nous connaissons, c’est-à-dire l’Europe et l’Amérique du Nord. Cependant, pour nos clients qui souhaitent d’avoir une exposition dans cette région, nous proposons des produits financiers asiatiques. Nous avons le Berenberg Asian Bond Opportunities qui permet à notre clientèle d’investir dans ces marchés.

A quoi va ressembler la banque du futur?

En général, la banque du futur sera moins ciblée sur le client et plus connectée. Les différentes plateformes en ligne seront plus utilisées par les banques, ainsi comme des processus automatisés et l’offre de plus de produits standardisés. En ce qui concerne les UHNWI, ils rechercheront encore davantage des établissements flexibles et stables à la fois. Une approche encore plus holistique et sur mesure sera nécessaire afin de satisfaire toutes les besoins, Nous avons donc une véritable carte à jouer dans ce domaine.

De plus en plus concurrencée, la place financière helvétique est-elle toujours influente sur la scène internationale?

Quand on m’a proposé ce poste à Genève, moi qui étais basée à Londres, j’ai longuement réfléchi. Je me suis renseignée auprès de mon réseau et je suis arrivée à un constat évident: la place financière helvétique est au sommet de la hiérarchie mondiale, en meilleure position que Londres je pense. Elle dispose d’une incroyable stabilité politique et économique. Désormais, elle est aussi transparente et régulée.

Quel est le principal atout de la Suisse?

En dehors de sa stabilité, nous pouvons y trouver des professionnels extrêmement qualifiés. La FINMA contribue à cette réalité en imposant des formations continues aux divers spécialistes du secteur bancaire. Ils doivent être de plus en plus formés et c’est une excellente chose. Cela nous permet de proposer des services à haute valeur ajoutée à nos clients. En fait, la nouvelle transparence en matière fiscale a permis à la Suisse de s’améliorer, d’être encore plus compétitive.

Banque Berenberg: www.berenberg.ch