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« La volatilité des coûts et des primes s’intensifie »

30.09.2019 - 17:43
En 2020, les primes de l'assurance de base obligatoire n’accuseront, pour les adultes, qu’une augmentation moyenne de 0,2 %. Selon la caisse maladie et le modèle, les primes peuvent même baisser. Toutefois, Felix Schneuwly, l’expert Assurance maladie Comparis, met en garde : « Même avec une baisse de prime auprès de sa propre caisse maladie, il est conseillé de ne pas se réjouir trop tôt. D’une manière générale, les primes bénéficiant d’une minoration sont celles qui sont supérieures à la moyenne. Et elles peuvent donc, malgré ladite baisse, être encore nettement plus chères que les primes les plus avantageuses. »

Aujourd'hui, le Conseil fédéral a annoncé une augmentation moyenne des primes dans l’assurance de base de 0,2 %. Et pourtant, les primes peuvent varier, à la hausse comme à la baisse, de manière considérable selon la caisse maladie, la franchise et le modèle d'assurance. Certaines caisses maladie ont même baissé les primes des adultes pour l’assurance de base ou reversent à quelques catégories de clients une partie des recettes excédentaires de l’année précédente.

Une prime peut malgré une baisse être encore très loin des primes les moins chères

L’expert Assurance maladie Comparis, F. Schneuwly, met en garde : « Même avec une baisse de prime auprès de sa propre caisse maladie, il est conseillé de ne pas se réjouir trop tôt. D’une manière générale, les primes bénéficiant d’une minoration sont celles qui sont plus élevées que la moyenne. » Selon lui, la majorité des assurés enchantés à l'idée d'avoir des primes plus basses en 2020 s’acquittent de montants qui restent malgré tout supérieurs à la moyenne. « Une prime en baisse par rapport à l’année précédente, n’est pas forcément une prime avantageuse », poursuit F. Schneuwly. Plus que jamais, le fait de comparer avec des primes concurrentes permet d’obtenir une certaine clarté.

Un potentiel d'économies très largement sous-estimé

L’augmentation des primes de sa caisse maladie n’est pas le seul critère à prendre en compte pour changer d’assureur. Clairement sous-évalué, le potentiel d’économies réel que pourrait représenter un changement de caisse maladie en est un autre. Selon le Comparatif d'assurance maladie Comparis, les assurés sous le modèle standard dans le canton de Zurich auraient par exemple pu économiser 182,60 francs par mois (2017/2018) en passant de la caisse la plus chère (Supra) à la moins chère (Assura). La moitié des personnes assurées à Zurich auraient pu économiser au moins 49 francs par mois lors d’un changement.

Mais une enquête* réalisée auprès d’utilisateurs de comparis.ch révèle que 33,6 % d’entre eux n’espèrent effectivement économiser que 50 francs par mois au mieux alors qu’ils sont 27,4 % à penser pouvoir économiser tout au plus 20 francs. Un autre cinquième considère, quant à lui, un maximum de 10 francs comme réaliste.

Des actions précipitées en politique causent plus de remous que de stabilité

F. Schneuwly estime que la plage croissante en matière de primes n’est pas due au hasard. « Le système de santé, plus que jamais, est devenu le jouet d’intérêts politiciens. En s’attachant au seul aspect des dépenses, le débat politique renforce les variations des coûts et des primes, plutôt que de mener à une stabilisation », explique-t-il.

Si certaines caisses ont pu effectuer une baisse des primes 2020 dans l'assurance de base, bien que les dépenses de santé continuent à grimper, c’est qu’elles disposent, d’après cet expert, de réserves suffisamment importantes. D’autres caisses maladie, elles, ont réajusté leurs réserves en octroyant des ristournes à leurs clients.

Les caisses maladie ont besoin de plus de latitude dans le calcul des primes

L’interventionnisme réglementaire, comme l’année passée au sujet du tarif médical ambulatoire Tarmed, n’a donc guère de sens aux yeux de F. Schneuwly. « De fait, l’augmentation des coûts est influencée en premier lieu par le volume croissant des prestations médicales. C'est pourquoi jusqu’à présent les baisses de prix et de tarifs ont surtout eu l’effet de pétards mouillés », constate-t-il.

À l’inverse, pour l’expert, l’origine de la croissance modérée des coûts et des primes se situe d’abord dans la concurrence en matière de prestations entre les caisses maladie, en particulier pour les modèles alternatifs de l’assurance de base ; ensuite dans les effets positifs générés par la mise en place du nouveau financement des hôpitaux en 2012 ; et enfin dans le transfert continu des opérations stationnaires vers l’ambulatoire. La hausse des coûts enregistrée entre 1997 et 2007 s’élevait à 4,7 % par an alors qu’elle n’était plus que 2,6 % entre 2008 et 2018.

Les modèles d’assurance alternatifs (MAA) permettent, d’après F. Schneuwly, de freiner les dépenses de manière particulièrement efficace parce que, contrairement aux interventions politiques, ils ont fait l'objet d'accords entre caisses maladie et fournisseurs de prestations médicales. C’est pourquoi l’expert demande que soit modifié le système de rabais dans l’assurance de base, afin de renforcer encore les incitations à choisir un modèle MAA. D'après le rapport sur les primes Helsana**, le volume des rabais qui ne sont pas répercutés sur les assurés s’élève à 3,1 milliards de francs.

Le rabais pour la franchise à option la plus élevée est de 1540 francs En revanche, la réduction pour un modèle MAA qui vient en complément représente un pourcentage de la prime standard. « Dans les cantons avec une prime standard de faible montant, les assurés optant pour un modèle alternatif ne se voient accorder, contre l’abandon du libre choix du médecin, qu’une réduction faible, elle aussi. » Concrètement, les assurés du canton le plus cher, Bâle-Ville, obtiennent un rabais de primes de 29 % sur leur MAA tandis qu’à Appenzell Rhodes-Intérieures, celui dont bénéficient les assurés n’est que de 14%.

« Si les dépenses de santé doivent pouvoir être pilotées de manière durable au moyen des MAA, il est donc urgent de modifier le système de rabais au profit des assurés ayant opté pour un modèle alternatif », note F. Schneuwly. Il plaide en faveur d’une transformation de la réduction des franchises à option pour la faire correspondre à pourcentage équivalant à 25% de la prime concernée. « On pourrait ainsi éviter que le rabais sur la franchise soit proportionnellement plus important sur les primes basses que sur les primes élevées », souligne F. Schneuwly. Il poursuit en relevant la nécessité de ne plus utiliser la prime standard comme prime de référence, et de passer à un mode de calcul des primes spécifique à chaque modèle et basé sur les collectifs d’assurés considérés.

Plus d’analyses sur le sujet

* Enquête Comparis sur les potentiels d’économies dans l'assurance de base  fr.comparis.ch/comparis/press/medienmitteilungen/artikel/2018/krankenkasse/krankenkassenpraemie-sparen/skonto

** Rapport sur les primes Helsana epaper.helsana.ch/praemienreport/fr/

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