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Le plus grand fonds souverain du monde est norvégien

16.01.2018 - 16:09
La Norvège, c'est une longue bande de terre tout au nord du continent, avec l'une des économies les plus prospères de l'Europe grâce au pétrole et au gaz, qui sont exploités dans la mer du Nord.

C'est un pays qui aussi a la particularité de détenir le plus gros fonds d'investissement du monde, avec plus 1.000 milliards de dollars (900 milliards d'euros) investis en actions de 9.000 sociétés dans le monde entier, en France notamment. C'est l'État norvégien qui est le propriétaire de ce fonds, et qui le gère.

Chaque année, l'État met dans le fonds tout ce que rapportent le pétrole et le gaz : le produit des impôts, des permis d'exploration, les dividendes de Statoil (la compagnie nationale de pétrole, elle aussi détenue très majoritairement par l'État).

Le fonds a été créé en 1996, avec l'idée d'investir les dividendes de l'or noir pour les retraites des Norvégiens et pour les générations futures. Cela représente quand même 170.000 euros pour chacun des 5 millions de Norvégiens. Vous voyez que c'est considérable.

Contrôle a posteriori

L'État a le droit d'utiliser chaque année 3% de la valeur du fonds - cela fait 25 à 30 milliards d'euros. Et comme le fonds est bien géré, sa valeur progresse de 5 à 6% par an, ce fait plus que financer les prélèvements de l'État.

C'est un service de la banque centrale de Norvège qui gère tout cela au nom de la collectivité, mais avec le savoir-faire et l'expertise de financier de haut vol. Ils ont des bureaux à Londres, Singapour, New York et Shanghai, exactement comme une banque d'affaires. Il investit toujours dans des grandes entreprises. En France, c'est par exemple dans Véolia ou Schneider Electric. Il détient en moyenne 1,5% du capital des plus grandes entreprises du monde. Chaque année, il y a un débat au Parlement sur la gestion du fonds souverain, le trésor national.

Tout ça se passe donc sous le contrôle des élus. Mais c'est un contrôle a posteriori, qui fait le bilan de le gestion de l'année écoulée. Car l'investissement du fonds souverain obéit à des règles. Par exemple, il n'apas le droit de mettre de l'argent dans une entreprise norvégienne (seulement les étrangers).

Il suit évidemment les préceptes de l'investissement responsable. Il n'investit que dans des sociétés qui respectent les droits sociaux fondamentaux, qui ne polluent pas outre-mesure, et pas dans celles qui fabriquent des produits nocifs comme le tabac.

Paradoxe norvégien

Son influence est telle que dès lorsqu'il proscrit telle entreprise en la considérant comme non acceptable, bon nombre d'autres investisseurs mondiaux l'imitent. Le dernier débat en date, c'est "faut-il encore investir dans le pétrole et les énergies fossiles ?" Certaines voix s'élèvent aujourd'hui en Norvège pour demander que l'économie se décarbone et qu'on pourrait bien commencer par le fonds d'investissement, histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. C'est tout le paradoxe de la Norvège : dépendante à l'extrême des énergies fossiles, elle se rêve en économie propre pour demain.

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