Les six premiers mois de l'exercice 2018 du Groupe Raiffeisen n'auraient pas pu être plus contrastés. D'un côté, l'évolution de l'activité de base reste positive grâce au bon résultat à nouveau réalisé dans les opérations bancaires ; de l'autre, la gouvernance d'entreprise de Raiffeisen Suisse fait débat. La capacité bénéficiaire dans l'activité de base et le léger recul des coûts ont permis de réaliser un résultat opérationnel élevé, à hauteur de 517 millions de francs. Avec un bénéfice semestriel de 416 millions de francs, la barre des 400 millions a de nouveau été franchie, tout comme au premier semestre 2017.

Des produits en hausse quasi-constante

Le produit opérationnel du Groupe Raiffeisen est quasiment identique à celui de l'exercice précédent, à hauteur de 1'636 millions de francs (+8 millions de francs ou +0,5%). Plus particulièrement les produits des opérations d'intérêts ont connu une forte augmentation de 17 millions de francs pour atteindre 1'138 millions de francs (+1,6%), de même que les produits des opérations de commissions et des prestations de service de 10 millions à 256 millions de francs (+3,9%). Du fait de la distribution unique de dividendes élevés d'Aduno Holding SA, le produit des participations a aussi largement progressé de 33 millions à 53 millions de francs (+156,3%).

Le poste «Autres produits ordinaires» a par contre évolué en sens inverse, fléchissant de 50 millions pour passer à 58 millions de francs (-46,6%), à cause de l'activation sur ce poste de montants nettement plus élevés pendant l’exercice précédent, pour des projets liés à l'introduction du nouveau système bancaire central. Cette diminution des investissements a aussi légèrement fait baisser les charges d'exploitation de 7 millions à 1'000 millions de francs (-0,7%). Par contre, des charges en hausse ont été enregistrées dans les corrections de valeur sur les participations.

Evolution positive des opérations de crédit et de dépôt

La croissance continue du chiffre d'affaires s'est maintenue au premier semestre 2018. Avec une progression de 2,1% (+3,6 milliards de francs), l'évolution des créances hypothécaires est supérieure à celle du marché. Les dépôts des clients enregistrent, quant à eux, une hausse de 0,9% (+1,5 milliard de francs). A cause de la faible rémunération, les clients ont de plus en plus tendance à transférer une partie de leurs avoirs en compte dans des dépôts de titres. L'afflux d'argent frais net s'élève ainsi à 2,2 milliards de francs pendant la période sous revue.

«Le maintien de la capacité bénéficiaire et l'évolution favorable des opérations hypothécaires démontrent clairement que le Groupe Raiffeisen a encore une fois très bien géré la situation cette année. La bonne marche des affaires des 246 Banques Raiffeisen a plus particulièrement contribué à notre succès», souligne Patrik Gisel, président de la Direction de Raiffeisen Suisse. Bien que le volume d'affaires ait constamment augmenté ces cinq dernières années, les corrections de valeur pour risques de défaillance n'ont cessé de diminuer sur la même période. Le Groupe Raiffeisen continue à faire partie des établissements bancaires les plus sûrs de Suisse.» 

Suite à la procédure d'enforcement de la FINMA et aux manquements qu'elle a constatés dans la gouvernance d'entreprise de Raiffeisen Suisse par le passé, Moody's a revu à la baisse le «Long-Term Deposit Rating» de Aa2 à Aa3 et le «Senior Unsecured Debt Rating» de A2 à A3, et cela malgré des données de risque qui restent solides. L'agence de rating relève ainsi les conséquences possibles, à moyen terme, d'un dommage de réputation à un niveau plus élevé, par rapport aux données clés du Groupe (y compris sa dotation solide en capital et sa liquidité) qui sont toujours bonnes, comme l'atteste cependant également Moody's. 

Procédure de consultation des exigences définitives TLAC

Au 30 juin 2018, la quote-part de capital global du Groupe pondérée des risques s'élève à 16,9%. La quote-part de capital pondérée des risques Going Concern atteint, elle, 16,6%. Le projet en consultation prévoit un délai de transition de sept ans, permettant aux banques de satisfaire aux exigences supplémentaires Gone Concern. Cela signifie que le Groupe Raiffeisen devra entièrement satisfaire aux nouvelles exigences TLAC à partir du 1er janvier 2026. Raiffeisen part du principe qu'elle y parviendra par ses propres moyens et sans devoir recourir à des fonds extraordinaires. A 7,0%, le ratio de levier dépasse d'ores et déjà les futures exigences TLAC non pondérées.

La procédure de consultation, au sujet de la révision de l'ordonnance sur les fonds propres portant sur les exigences Going Concern applicables aux banques suisses d'importance systémique, a commencé le 23 février 2018. Il est prévu que les modifications entrent en vigueur le 1er janvier 2019.

La gouvernance d'entreprise restera un sujet de préoccupation au second semestre 2018

Depuis l'ouverture d'une enquête par la FINMA et d'une procédure pénale à l'encontre de l'ancien président de la Direction de Raiffeisen Suisse, le Groupe a vécu une phase mouvementée. Avec la fin de la procédure d'enforcement de la FINMA le 14 juin dernier, Raiffeisen Suisse prend acte des mesures d'amélioration stipulées dans le rapport de l'Autorité fédérale et les a, pour la plupart, déjà mises en œuvre dans le cadre de sa gouvernance d'entreprise. 

Dans le cadre du renouvellement anticipé du Conseil d'administration de Raiffeisen Suisse, l'Assemblée des délégués du 16 juin 2018 a élu deux nouveaux membres, Rolf Walker et Thomas Rauber. L'élection d’au moins quatre nouveaux membres, ainsi que de la nouvelle présidente ou du nouveau président du CA, aura lieu lors de l'Assemblée des délégués extraordinaire du 10 novembre 2018. Par ailleurs, Patrik Gisel a pris la décision le 18 juillet 2018 de se retirer de sa fonction de président de la Direction de Raiffeisen Suisse à la fin de l'année et de quitter le Groupe. Le processus de sélection d’un nouveau président de la Direction a déjà débuté.

Perspectives

D'un point de vue macroéconomique, Raiffeisen Suisse prévoit que le contexte économique restera stable. Au vu de l'inflation modérée, les banques d'émission n'ont pas de contrainte et ne poursuivent que très lentement le processus de normalisation des taux. De ce fait, le contexte difficile des faibles taux en Suisse ne changera sans doute pas de sitôt, et la pression sur les marges d'intérêt devrait perdurer.