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Un climat moins propice pour l’économie suisse

16.11.2018 - 17:57
Pour la première fois depuis plus de trois ans, les CFO suisses prévoient une dégradation de la conjoncture. Un pronostic qui s’explique également à l’aune du contexte mondial, caractérisé par la menace de tensions internationales et l’appréhension de l’appréciation du franc suisse. Ces informations et bien d’autres encore figurent dans la 35e édition de l’enquête semestrielle de Deloitte auprès des CFO.

Pour la première fois depuis plus de trois ans, les CFO suisses prévoient une dégradation des conditions conjoncturelles. Sur plus de 100 responsables financiers suisses interrogés, 77% se déclarent confiants quant à la croissance économique, soit 8 points de moins qu’au premier semestre 2018. La prudence est de mise. Une baisse conjoncturelle a succédé aux trois derniers revirements de tendance.

Le pic de croissance semble être dépassé, ce qui est corroboré également par le fait que, ces trois derniers mois, l’optimisme des CFO concernant les perspectives financières de leur propre entreprise s’est nettement dégradé. Le solde net (déclarations optimistes moins déclarations pessimistes) est passé de 24% à 9%.

« L’économie suisse est toujours solide mais le grand boom est terminé. Et pour la première fois, les tensions commerciales persistantes sur le plan international ont une incidence négative sur la Suisse. L’attitude protectionniste adoptée notamment par les deux grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Chine, attisent l’inquiétude de nos entreprises tournées vers les exportations », explique Michael Grampp, économiste en chef chez Deloitte Suisse, au sujet des résultats de l’enquête réalisée par Deloitte auprès des CFO.

Les partenaires commerciaux signalent un manque accru de fiabilité

Dans l’ensemble, seuls 40% des CFO estiment que le niveau d’insécurité économique et financière est élevé en Suisse. Ce résultat peut sembler optimiste. Mais l’insécurité perçue concerne essentiellement l’étranger. Près de la moitié des entreprises suisses orientées vers l’exportation (48%) pronostiquent une grande insécurité.

L’instabilité politique, qui se renforce chez les partenaires commerciaux traditionnels, est perçue par les CFO comme un défi de taille pour leur propre entreprise. Par rapport à la première moitié de l’année, la perception des risques concernant les partenaires établis que sont les Etats-Unis (augmentation de 26% à 77%), l’Italie (augmentation de 20% à 64%) et la Chine (augmentation de 15% à 30%) croît nettement au second semestre. La Grande-Bretagne, dans la tourmente du Brexit, est également considérée, sans grande surprise, par 64% des CFO comme un partenaire commercial à risque. Les relations avec l’Allemagne (11%) et la France (7%), qui sont les partenaires commerciaux traditionnellement les plus importants, sont plus satisfaisantes. Concernant les deux partenaires, le niveau d'insécurité a diminué par rapport au premier semestre.

La perception extérieure de la France se reflète également dans une propension au risque des CFO français. L’enquête réalisée par Deloitte auprès des CFO en Europe indique que les Français sont les plus enclins à prendre des risques plus élevés au niveau du bilan. 45% considèrent que la période actuelle est favorable. Un résultat surprenant qui met également en valeur – du moins momentanément – le programme économique du président français Emmanuel Macron. Deuxième pays le plus enclin à prendre des risques, la Suisse arrive non sans surprise juste après la France (39%).

« L’insécurité géopolitique et le protectionnisme sont très présents dans la perception du risque par les CFO suisses, mais les processus internes aux entreprises constituent, pour la première fois, le risque principal. Actuellement, bon nombre d’entreprises sont en prise avec des problèmes internes et ne déploient pas toute l’énergie requise pour relever les défis extérieurs. Pourtant, c’est précisément ce qu’elles devraient faire », explique Jean-François Lagassé, Associé et responsable du marché Suisse Romande, qui analyse les contraintes auxquelles font actuellement face les CFO.

Limiter les risques de change

Parmi les défis du marché international, le taux de change CHF/EUR est au cœur des préoccupations des entreprises suisses. Pour près de 60% des CFO interrogés, un franc plus fort aurait des répercussions négatives directes sur leur entreprise. En moyenne, les CFO interrogés indiquent un taux de change de 1.07 EUR/CHF comme valeur limite supportable pour leur entreprise.

Jean-François Lagassé explique le contexte : « Après la suppression du taux plancher en janvier 2015 et le choc initial, les entreprises se sont accommodées de la situation concernant le taux de change. Mais le taux de change CHF/EUR est aujourd’hui une menace qui pèse telle une épée de Damoclès sur les entreprises. Il est étonnant que seulement un peu plus de la moitié des responsables financiers suisses limitent les risques de change en procédant à des évaluations ou des opérations financières de couverture des risques. Ici pourtant, la bonne attitude consiste à ne pas rester passif. »

Les craintes dues à la pénurie de main d’œuvre qualifiée augmentent

Malgré une tendance à la baisse des perspectives positives, les entreprises en Europe continuent de dépenser tant en termes d’investissements que d’embauche. 39% des CFO suisses tablent toujours sur une hausse des investissements pour les prochains 12 mois. Ils se situent ainsi exactement dans la moyenne européenne. En Turquie et en Grande-Bretagne toutefois, l’instabilité politique trop importante anéantit toute perspective d’investissement.

 

42% des CFO suisses sont convaincus que le nombre de collaborateurs va augmenter dans les 12 prochains mois. Mais ils savent que l’accès difficile au personnel qualifié va représenter un risque croissant. Tous presque sans exception partagent ce sentiment avec les CFO des autres pays d’Europe. En Allemagne et en Autriche, la pénurie de main d’œuvre spécialisée est d’ailleurs le risque le plus souvent évoqué. Et même si la préférence nationale s’applique en Suisse, il est tout à fait possible que la guerre des talents continue de s’amplifier parmi les pays germanophones. Les personnes les plus recherchées sont celles alliant connaissances techniques appropriées et expérience professionnelle.

 

« L’évolution démographique, qui se caractérise par un vieillissement de la population, et la révolution technologique vont renforcer la pénurie de main d’œuvre spécialisée sur le long terme. Seulement 20% des entreprises envisagent des mesures de recrutement qui ciblent d’autres groupes de main d’œuvre, par exemple des personnes en réinsertion ou des personnes plus âgées ; c’est une erreur stratégique », explique Michael Grampp au sujet des mesures de lutte contre la pénurie de main d’œuvre évoquées par les CFO.

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