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Nouveau départ pour ZENITH:entretien croisé avec Julien Tornare et Jean-Claude Biver

05.10.2017 - 07:55
Julien Tornare a été récemment nommé CEO de Zenith Watches. L’occasion d’une double rencontre avec son nouveau directeur général, ainsi qu’avec Jean-Claude Biver, le président du Conseil d’administration, pour une discussion en miroir sur l’avenir de la marque et les nouveaux défis à relever.

Julien Tornare, qu’est-ce qui vous a attiré chez Zenith ?

J’ai accepté cette nouvelle aventure avec Zenith pour plusieurs raisons. Tout d’abord Zenith fait partie des très belles marques suisses avec une véritable histoire, des manufactures et des produits de qualité. Mais qui, aujourd’hui, a une déficience en notoriété et n’est pas toujours positionnée à l’endroit où elle devrait être. Toutefois, les fondations sont excellentes, et j’aurais eu beaucoup plus d’hésitations à débuter avec une marque complètement neuve. Tandis que Zenith, avec son background,c’est un véritable bijou. Le premier levier est donc de repositionner la marque là où elle devrait se trouver.

L’autre raison importante à mes yeux, c’est également de collaborer avec Monsieur Biver. Ces six derniers mois, nous avons beaucoup discuté sur l’horlogerie, sur Zenith, sur ce qu’on pouvait faire avec la marque. Je pense que travailler à ses côtés, bénéficier de son expérience et de ses différentes réussites est une réelle source de motivation.

Qu’est-ce qui fait la force de Zenith ?

Zenith est avant tout une marque de tradition, mais tout en restant très innovante et dynamique. Rappelons que la marque a gagné 2 333 prix en chronométrie, dont ce fameux mouvement El Primero que nous connaissons tous depuis bien longtemps. Cependant nous vivons au 21e siècle, et les gens ont envie d’acheter un produit actuel. Dès lors l’idée avec Zenith, c’est vraiment de mettre en avant cet aspect innovant, tout en respectant les règles de l’horlogerie, parce que nous restons un horloger traditionnel. Nous ne ferons toutefois pas de montre « connectée ». Nous nous accrochons à nos traditions, en recréant éternellement les mêmes complications encore et encore depuis des dizaines, des centaines d’années parfois.

 

 

Et pour vous, Jean-Claude Biver, quels sont les atouts de Zenith ?

Pour moi les forces de Zenith tiennent principalement dans ses racines, dans son passé. C’est l’un des passés les plus riches et les plus glorieux de l’art horloger. Zenith est la marque championne de la précision, qui a construit sa réputation sur les certificats de chronomètres. Et après avoir maîtrisé la précision, la marque s’est naturellement orientée vers la maîtrise de la mesure du temps. Cette dernière se fait par un chronomètre et par un chronographe. Et Zenith a développé le premier chronographe au dixième, qu’ils ont appelé El Primero
puisque c’était le premier. J’ai résumé de manière très courte l’histoire, mais cette histoire nous appartient : elle est riche et surtout elle est authentique et crédible. Un autre élément du passé dont nous avons hérité, c’est notre structure verticale.

Le fondateur de Zenith, Monsieur Georges Favre-Jacot, qui est décédé il y a 100 ans avait émis ce souhait : « dans mon entreprise, je veux avoir tous les métiers sous le même toit ». Ce voeu pieu a donné le coup d’envoi à cette verticalisation absolue du processus de fabrication, où tout est fait à l’intérieur. Nous avons donc hérité de cette manufacture.

 

 

Qu’est-ce qui peut ou doit être amélioré ?

Jean-Claude Biver : Quelles sont nos faiblesses ? La première faiblesse que nous avons, c’est un déficit de notoriété. Parce que Zenith, pour vous qui écrivez pour l’horlogerie, c’est une montre. Mais vous demandez en dehors du Locle, vous allez de l’autre côté de la frontière, vous descendez sur Berne, vous demandez à un Bernois : pour eux Zenith peut être aussi bien une compagnie d’assurances que des appareils de radio. Nous allons donc devoir travailler sur l’innovation, le produit, la communication, le marketing et la distribution afin de pallier dans les 3 à 5 ans qui viennent ce déficit de notoriété.

Julien Tornare : De surcroît l’image, la perception de la marque est floue, et on positionne Zenith à un endroit où, finalement, des marques très fortes en marketing vont avoir de bons résultats en ayant vraiment poussé le produit, mais sans avoir forcément une grande qualité de finition. Chez Zenith nous avons déjà ce côté très manufacture, très qualitatif des produits. Cependant nous sommes coincés dans ce segment, car l’image ne colle pas. Et c’est ce niveau d’excellence qu’il faut absolument faire comprendre aux clients. Nous devons mieux communiquer sur ce qu’est vraiment Zenith, qui n’est pas une marque tournée vers le passé, mais une marque résolument tournée vers l’avenir.

À quoi doit-on s’attendre pour l’avenir ?

Jean-Claude Biver : Si nous voulons garder cette manufacture, nous sommes donc contraints à amener de la modernisation. Avec Zenith nous devons amener de l’innovation dans la continuité. La marque doit évoluer, elle doit devenir, elle doit connecter sa tradition au futur. Notre objectif c’est de maintenir la manufacture, de continuer à vouloir nourrir cette manufacture par une production de 30 ou 40 000 mouvements, où il y a une montre par année, mais aussi de faire évoluer les produits vers une tradition contemporaine qui tous les 5 ans se reconnecte au futur.

Julien Tornare : La montre « defy » va justement marquer ce nouveau tournant. Nous allons notamment travailler sur des nouveaux matériaux, et améliorer les mécanismes. Il faut savoir qu’El Primero date de 1969 : il fonctionne très bien, mais c’est aussi une invention qu’on peut faire évoluer, qu’on peut améliorer au fil du temps. Nous en parlions récemment avec M. Biver : à l’époque des guitares traditionnelles, lorsque les premières guitares électriques sont arrivées, tout le monde criait au scandale ! Même phénomène avec les voitures électriques ; on voit bien aujourd’hui le succès de Tesla, alors que toucher à la mécanique d’une voiture, pour les puristes, c’était vraiment un sacrilège !

Finalement l’horlogerie est toujours un peu coincée dans une attitude traditionaliste, et c’est finalement la communication qui doit être différente, et devenir le marqueur de l’originalité de la marque.

 

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