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«Sans conduite, les secours sont impossibles»

09.04.2019 - 08:47
L’informatique policière, la communication d’intervention et la lutte contre la cybercriminalité

Organisé en collaboration avec l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP), le 12econgrès SPIK, qui s’est déroulé à Berne, a rapidement permis de comprendre que la transformation numérique reposait sur la réflexion suivante: le numérique exige d’autres formes d’organisation, de collaboration et d’utilisation des données. Benno Bühlmann, directeur de l’OFPP, a donc pour devise «Serrons-nous les coudes pour développer des solutions innovantes en Suisse». Les nouvelles tendances dans le domaine de l’informatique policière ont également été présentées lors de l’événement de deux jours.
 
Berne, le 4 avril 2019. Polycom et la sécurité de la communication à large bande ont occupé le devant de la scène lors de la première journée du 12e congrès informatique de la police suisse (SPIK). Dans son allocution introductive, Benno Bühlmann, directeur de l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP), a mis en exergue le fait que la population suisse attendait du système coordonné de protection de la population qu’il permette de venir à bout des situations de crise.
 
«Les systèmes de communication permettent aux organismes d’intervention de prendre les rênes et d’accomplir leur mandat à temps. Sans conduite, les secours sont impossibles.» Ces systèmes devraient cependant également fonctionner de façon fiable en cas de pénurie d’électricité, de pandémie ou d’attentat terroriste. «Leur alimentation électrique doit donc être garantie en toutes circonstances, leur autonomie doit être élevée, et ils doivent être redondants et à large bande,» a déclaré M. Bühlmann.
 
Pour identifier le potentiel de synergies prometteuses le plus complètement possible dans tout le pays, l’OFPP implique dans le processus de recherche de solutions toutes les organisations dont le rôle est de porter secours et d’assurer la sécurité ainsi que les exploitants d’infrastructures critiques et les acteurs du secteur de l’information et de la communication. Ceux-ci collaborent selon la devise «Serrons-nous les coudes pour développer des solutions innovantes en Suisse», comme l’a relaté M. Bühlmann. La nouvelle loi sur la protection de la population et sur la protection civile (LPPCi), que le Parlement examinera lors de sa prochaine session, constitue une condition préalable à la réalisation de cet objectif.
 
La plus grande opération de police de l’histoire allemande
 
L’exposé «Intervention au sommet du G20 de Hambourg 2017» a été l’un des temps forts de la première journée du congrès. Hartmut Dudde, qui était alors responsable des interventions policières, a fait un récit émouvant de la plus grande opération de police de l’histoire allemande.
 
Quelque 31’000 policiers avaient été mobilisés les 7 et 8 juillet 2017 pour sécuriser le sommet et la ville d’Hambourg. Jusqu’à 50’000 personnes ont participé à différentes manifestations. Pour mener à bien son intervention, la police disposait entre autres de 213 chiens de protection et détecteurs d’explosifs, de 52 chevaux de service, de 73 bateaux, de 48 lances à eau et de 11 hélicoptères.
 
Malgré ces moyens impressionnants, des émeutes ont éclaté entre des fauteurs de troubles encagoulés et des policiers. 797 fonctionnaires ont été blessés, et 228 membres des forces d’intervention sont tombés malades ou ont dû s’absenter pour épuisement.
 
Quels enseignements M. Dudde a-t-il tiré de cette opération de police? «Aujourd’hui, j’évaluerais différemment la propension à la violence des extrémistes de gauche européens. Je comblerais les lacunes en matière de capacité, par exemple la défense sur les toits. Et j’enverrais plus de forces de sécurité dans les endroits à risque pour que, par leur présence, elles signalent clairement à la population que l’Etat de droit est là.»
 
Un processus de transformation au sein de l’Administration fédérale des douanes
 
Le deuxième jour du congrès, l’exposé de Christian Bock, directeur de l’Administration fédérale des douanes (AFD), a captivé de nombreux membres de l’assistance. M. Bock a montré de manière plausible pourquoi un processus de transformation profonde était en cours au sein de l’AFD. Il a rappelé des chiffres éloquents: environ 2,1 millions de personnes, 1,1 million de véhicules et 24’000 camions passeraient la frontière suisse chaque jour. Rapportés au nombre de personnes, ces chiffres seraient deux fois plus élevés qu’aux Etats-Unis.
 
La numérisation lancerait de grands défis à l’AFD, et l’informatique en serait le moins important. Il faudrait par exemple s’attendre à des bouleversements considérables dans le secteur de la logistique. M. Bock a ainsi évoqué la technologie des drones, qui pourrait être accessible à tous et être utilisée par-delà les frontières et 24 heures sur 24 pour le transport régulier de marchandises. Puis il a ajouté: «Les camions autonomes offriront de nouvelles possibilités en matière de livraison de marchandises et représenteront pour nous, autorités de sécurité, de nouveaux défis.»
 
En 2018, la Poste Suisse a reçu un nombre record de paquets expédiés par les grands commerçants en ligne étrangers, et ce nombre devrait encore croître. «Dans un avenir proche, nous verrons des commerçants chinois livrer leurs produits en Suisse en une semaine,» a indiqué M. Bock.
 
Même au niveau local, la Suisse devrait affronter de nouvelles problématiques: «De plus en plus de Suisses font leurs achats dans les pays voisins. Dans les faits, ils bénéficient d’une exonération d’impôts. Sans recours aux technologies numériques, il sera impossible de maîtriser ce phénomène.» Pour illustrer ses propos, M. Bock a cité deux chiffres: «Avec une franchise-valeur de CHF 300.–, nous procédons aujourd’hui à environ 250’000 dédouanements à la frontière nord. Si la franchise était réduite à CHF 50.–, nous devrions nous charger de 12 millions de dédouanements. Nous manquerions alors non seulement de collaborateurs, mais aussi de caisses, de places de parking et d’espace de stockage.»
 
En résumé, la transformation numérique ne serait pas un projet informatique. Elle se fonderait en fait sur une approche bien plus radicale: «Elle repose sur la réflexion selon laquelle le numérique exige d’autres formes d’organisation, de collaboration et d’utilisation des données.»
 
Six facteurs pour réaliser ses rêves
 
Le congrès a été ouvert par l’entraîneur légendaire Hanspeter Latour. L’intervenant de 71 ans a raconté avec l’humour charmeur qu’on lui connaît comment lui-même compose avec la révolution numérique. M. Latour a affirmé que l’interaction harmonieuse de six facteurs – l’application, le courage, la chance, le fait d’avoir un but, la motivation et l’organisation – lui avait permis de réaliser ses rêves. Le Thounois a ainsi établi un lien entre le travail des entraîneurs de football et celui des policiers.
 
Cette 12e édition du SPIK a rassemblé plus de 800 représentants de la police, des sphères économique et politique ainsi que des experts informatiques de différentes branches qui ont échangé leurs idées et débattu des tendances. La plate-forme nationale d’échange d’expériences consacrée à l’informatique policière, à la communication d’intervention et à la lutte contre la cybercriminalité est organisée tous les ans. Les participants ont pu assister à 29 exposés et découvrir 30 stands pour se convaincre de l’utilité des solutions présentées.
 

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